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Le viol est une agression. C’est une intrusion dans l’espace psychosomatique de l’individu qui le subit.

L’article 222-23 du code pénal définit le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature que ce soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ».

Pour qu’il soit constitué, il faut que

« trois éléments soient présents afin de constituer le viol au sens de la loi :

·               Présence d’un acte matériel, c’est-à-dire l’existence d’un acte sexuel avec pénétration génitale, anale, voire buccale.

·               Le deuxième élément est la violence. Or, la notion de non-consentement à l’acte sexuel est parfois malaisée à établir.

·               Le troisième élément retenu pour caractériser le viol est l’intention coupable de l’auteur de l’infraction. »

Une agression est une action extérieure provenant d’un agent présent dans l’environnement.

Elle constitue une effraction déstucturante de l’unité psychosomatique de l’individu.

L’action agressive peut être physique (mécanique, chimique) provenant d’un agent de l’environnement biosphérique (être vivant animé) : l’effraction touche alors l’enveloppe somatique qui est déstructurée. Mais même dans ces conditions, elle constitue en même temps une perturbation au niveau du psy, où elle va laisser une trace mémorielle plus ou moins déstructurante.

L’action agressive peut se cantonner au niveau du psy qui est seul perturbé. C’est le plus souvent une agression par un agent de l’environnement social. Elle porte alors le nom de stress psychosocial.

Elle peut être instantanée et isolée dans le temps, ou répétitive.

Dans tous les cas elle provoque une perturbation brutale et plus ou moins durable pour l’homéostasie de l’organisme total d’un individu vivant.

La perturbation est psychosomatique :

-               le soma est plus ou moins lésé, sur une plus ou moins grande étendue et à une plus ou moins grande profondeur, et la lésion organique ainsi réalisée est plus ou moins compatible avec la survie

-               la réaction physiologique à l’agression se fait à trois niveaux :

o              local : vasoconstriction, coagulation, puis cicatrisation

o              régional : retrait du membre ou de la partie atteinte, geste de protection

o              général : réaction générale à l’agression avec décharge d’adrénaline qui entraîne : accélération cardiaque, vasoconstriction centrale pour dériver le sang vers la musculature, augmentation de la pression  artérielle périphérique, accélération respiratoire, augmentation de l’épuration rénale. Elle prépare et rend possible la réponse à l’agression.

La réponse à l’agression va revêtir deux formes principales :

-               la fuite, visant à soustraire le sujet à l’action de l’agent agressif

-               la réponse agressive visant à neutraliser l’agresseur

Cette réponse nécessite la mise en œuvre de l’ensemble de la musculature pour fuir ou pour attaquer. La réaction générale a pour finalité de permettre la réponse en 

-               augmentant l’apport d’énergie et d’oxygène aux muscles périphériques

-               abandonnant momentanément les autres territoires internes

-               augmentant l’épuration du sang en gaz carbonique et en acide lactique

On en sort essoufflé (accélération respiratoire), le cœur battant (accélération cardiaque), avec une grosse envie d’uriner, et si on vient de manger, un arrêt de la digestion.

Cependant, il y a des situations où la réponse agressive et la fuite sont impossibles.

En cas d’agression en provenance de l’environnement biosphérique, le risque vital est alors majeur.

En cas d’agression en provenance de l’environnement social, si la fuite ou la réponse agressive sont impossibles, l’organisme total va répondre dans un premier temps de façon classique. Mais dès qu’il a fait l’expérience de l’inefficacité de cette réponse, l’organisme met en place une réponse déviée :

-               soit c’est la sidération avec perte des moyens de réponse, y compris perte de conscience,

-               soit l’organisme va entrer dans une attente en tension, l’adrénaline est alors remplacée par la NOR-adrénaline, et se met en place le mécanisme de l’inhibition de l’action.[1] Ce mécanisme crée des perturbations organiques psychosomatiques plus ou moins durables suivant la durée et la répétitivité des actions agressives (le stress psychosocial) : HTA, infarctus, ulcère gastrique, colite, dépression, angoisse.

Le viol est une agression ayant des caractéristiques particulières :

-               sur le plan somatique, l’effraction de la limite corporelle se fait à travers l’un des orifices par lesquels l’environnement communique avec le milieu intérieur. Il s’ensuit que la trace de cette effraction peut être complètement inapparente, voire impossible à retrouver après un temps parfois très court.

-               sur le plan psychosomatique et social, elle mime un des deux comportements fondamentaux des êtres vivants indispensable à la survie de l’espèce, le comportement de copulation (l’autre étant le comportement de consommation qui permet le survie de l’individu).

La violence qui est à l’œuvre peut revêtir toutes les formes :

-               violence physique pure (le viol est dit compliqué par des actes de brutalité, de barbarie, de perversion sexuelle, voire d’homicide),

-               violence morale sans brutalité physique, exercée par une personne ayant un ascendant moral, social ou hiérarchique sur la victime, en passant par la menace d’une arme ou d’une rétorsion,

-               la surprise sous l’effet d’une substance amoindrissant les capacités de défense, ou dans des conditions particulières.

Le viol peut être réitéré, une ou plusieurs fois, voire pendant des mois ou des années.

Il peut même être socialement prescrit dans les sociétés où le mariage n’exige pas le consentement de l’épouse, voire se fait contre son gré, mais aussi dans les sociétés où l’épouse est soumise au « devoir conjugal ». Dans ce dernier cas, c’est l’imposition de la relation génitale sans désir voire sans consentement qui est à l’œuvre. Le viol intra-conjugal est lui aussi aujourd’hui puni par la loi, bien que plus récemment dans notre société patriarcale.

C’est dire dès l’abord que le viol est un comportement dont les racines sociales sont importantes et que ses conséquences sont, pour la femme essentiellement, une remise en cause de sa personnalité spécifique tant au niveau du vécu de son corps que de son insertion dans le système relationnel.

J’ai dit plus haut qu’une des caractéristiques principales de l’agression que constitue le viol est qu’il mime le comportement de reproduction que dans l’espèce humaine on nomme relation sexuelle.

C’est cette caractéristique qui induit ses conséquences sur la victime, et nous verrons plus loin à quel point elles sont délétères. C’est elle qui lui donne une sorte de banalisation dans l’esprit pour les personnes qui en prennent connaissance.

Le viol dit simple.

Pour réfléchir à cet aspect du viol nous nous limiterons dans une première approximation à ce que les auteurs appellent le viol simple : « l’agression sexuelle reste occasionnelle et l’agresseur réalise un désir sexuel sans aucune autre motivation »

L’agresseur est un mâle en rut.  La future victime est une femelle qui correspond à son désir. Elle passe à proximité et se trouve ainsi à portée d’action. L’agresseur  va créer les conditions de son agression : recherche de la victime, tentative de capter son attention, isolement de la victime, passage à l’acte rapide, brutal et furtif. Les préliminaires participent de la mise en confiance, de la mise en condition, de l’isolement. Ils singent une parade nuptiale simplifiée. Le passage à l’acte mime l’acte sexuel. Il n’est qu’un acte de pénétration génitale dans lequel la victime n’est pas une partenaire mais un simple objet de désir et un exutoire à la tension du désir. Son non-consentement n’est pas un obstacle à la réalisation de l’acte lui-même.

Il me paraît dès maintenant d’affirmer que même si dans les premières approches de la parade nuptiale simplifiée la victime a joué le jeu, même si elle a répondu aux premières approches de façon non négative voire positive, même si elle a franchi la limite qui sépare l’indifférence de l’intérêt, même si son organisme a mis en jeu les mécanismes de la réponse à la sollicitation dans le cadre du comportement fondamental de reproduction, c’est son non-consentement, formulé au moment du passage à l’acte ultime de pénétration génitale, qui constitue le viol.

Et du coup, c’est cette dernière phase ultime de l’agression qui est l’élément essentiel. Tout le reste du processus peut être décliné à l’infini (jusqu’à la séquence fiançailles, mariage etc…) ou simplifié au maximum (viol brutal et inopiné succédant à un rapt au coin d’une rue, dans un parking ou une cage d’escalier), quand la femme dit NON et que l’homme passe outre, le fait de viol est constitué.

Violence, contrainte, menace ou surprise sont autant de « ruses » [2] utilisées par le violeur pour arriver à ses fins.

La violence physique ayant comme base la puissance de l’agresseur pour réduire la victime à sa merci est la première approximation de ce qui vient à l’esprit lorsque l’on pense au viol. La menace par arme est aussi incluse assez facilement dans cette première approximation. La surprise peut être liée à la modification des capacités de réponse de la victime par des substances neuro- voire psycho-actives (alcool, drogues diverses, médicaments). Mais la contrainte par d’autres moyens : chantage, pression hiérarchique, relation de dépendance affective, éducative sont autant de formes de violence. La loi prend en compte ces diverses ruses sous la forme du viol dit aggravé : par la menace avec armes, mais aussi par personne ayant autorité.

Mais ce qui me paraît constitutif du viol en dernière analyse, c’est et cela doit rester l’allégation de la victime. La femme qui dit « j’ai été violée » est subjectivement victime d’un viol et doit être prise en compte comme telle. Dans sa conscience, dans la manière dont les choses se sont passées, elle voit une agression, et les séquelles dont nous parlerons plus loin sont déjà objectivement présentes et se traduisent dans son discours.

Car même cette allégation revêt souvent des formes diverses.  Dans la variante ci-dessus, « j’ai été violée » ou « j’ai été victime d’un viol » voire « j’ai subi un viol », les choses sont claires. La personne est la victime d’une action extérieure à laquelle elle n’a de part que passive, comme objet, dans laquelle elle n’a aucune part en tant que sujet.

Cependant très souvent, voire le plus souvent, la formulation est « je me suis faite violer ». Cette formulation ramène la personne au sujet, elle lui rend en quelque sorte autorité sur les actes accomplis, même sans son consentement et encore moins sa participation. Cette formulation est à rapprocher du « je me suis fait(e) opérer », pour prendre une situation assez neutre où la personne revendique ainsi sa responsabilité comme auteur d’un acte réalisé par une autre personne qualifiée sur son corps et sans sa participation active. Elle est à rapprocher de la formule : « je me suis fait(e) avoir » pour évoquer le fait que l’on a été trompé(e).

Cette revendication (inconsciente) d’une responsabilité de sujet dans l’acte commis est un autre aspect spécifique du viol. Elle est le reflet dans la conscience de la victime du regard porté par la société patriarcale à racine judéo-chrétienne sur tout acte sexuel et ses prémisses : la femme est objet de désir, mais elle suscite le désir par tous les artifices possibles. Elle suscite le désir car la malédiction qui la poursuit depuis Éve ; à la sortie du paradis terrestre, est celle-là. On se souvient de première partie de la malédiction : « tu enfanteras dans la douleur » (ou à peu près suivant les traductions et les traducteurs). Mais on oublie la suite : « tes désirs te porteront vers ton mari et il dominera sur toi »[3]. Non seulement elle a été à l’origine de LA tentation, qui n’était que la tentation de la connaissance du bien et du mal, mais elle sera maintenant animée des désirs de la chair. Tentatrice et désirante, c’est un appel au viol. D’autant plus que le mari (entendez le mâle désiré et tenté) dominera sur elle. Tout est dit. Et c’est parole d’avant l’évangile !

La victime d’un viol n’a pas seulement été violée. Elle s’est faite violer. Elle a agi de façon à créer d’une manière ou d’une autre les conditions de son viol. C’est ce que la socio-culture qui nous gère nous suggère d’emblée. Et pour la victime, c’est l’intériorisation de cette réalité idéologique qui la met d’emblée en porte-à-faux avec la perception de la violence qu’elle a subie.

Si elle « porte plainte », c’est-à-dire si elle demande la punition pour son agresseur et la réparation pour les dommages qu’elle a subis, et qu’elle le fait en s’appuyant sur le code pénal en vigueur, il va falloir qu’elle s’explique, se justifie. Pourquoi était-elle à cet endroit et à ce moment, pourquoi était-elle vêtue comme ceci ou comme cela, pourquoi a-t-elle répondu aux premières avances ? S’est-elle débattue, a-t-elle crié  ? … Tentatrice et supposée désirante, tentatrice car désirante, la victime va devoir se justifier d’être passée trop près d’un mâle en rut et d’avoir attiré son attention de prédateur en puissance.

Car le rut du mâle est lui aussi intériorisé, mais pas comme une tare ou une malédiction. Elle est intériorisée comme un bienfait social. Dans une socio-culture encore imprégnée de la liaison entre sexualité et reproduction, l’érection du mâle est une bénédiction, son impuissance sexuelle, une catastrophe. Et cette intériorisation est particulièrement le fait des femmes. L’origine biologique n’est guère contestable. La survie d’une espèce est suspendue aux processus de reproduction. Dans les espèces sexuées, particulièrement les mammifères dont nous faisons partie, l’attrait des deux sexes l’un pour l’autre est organisé en tenant compte des rythmes biologiques propres à chacun. Les femelles signalent leur disponibilité au moment de leur fécondité. Les mâles se confrontent pour que le plus puissant, le plus résistant, le plus violent donc, soit celui qui aura la charge de la fécondation afin de parvenir à la sélection génétique la plus efficace pour la survie de l’espèce considérée.

La femelle humaine est féconde de façon discontinue et cyclique. Elle est porteuse d’un seul gamète par cycle et dans une courte période déterminée. Elle émet des phéromones indiquant sa fécondité aux mâles qui passent à sa portée. Le mâle est doté d’un cycle hormonal suffisamment court pour apparaître linéaire et continu. Il est en permanence en situation d’émettre une quantité quasiment infinie de gamètes. L’évolution des sociétés a « policé » les comportements de séduction. Les femmes ont développé des stratégies très élaborées à base de vêtements, de maquillages, de parfums qui se combinent avec les fragrances phéromonales, voire les remplacent complètement (déodorants qui masquent les phéromones, avantageusement remplacées par les parfums). Et du coup ce qui était émission involontaire de signaux de fécondité, destinés aux mâles et détectables uniquement par eux, devient comportement volontaire permanent de séduction, et pour la femme en situation sociale une « seconde nature » plaquée sur la première. La captation des signaux ainsi émis est indépendante du cycle, de la fécondité, et le plus souvent associée à des précautions anticonceptionnelles. On passe ainsi, suivant le mot de Guy Maruani « de la sexualité-procréation à la sexualité-récréation »[4]. L’érection du mâle, supposée toujours potentielle, est de fait perpétuellement recherchée par les comportements de séduction. Et même si cette recherche n’est pas consciente de ce but, même si elle se contente le plus souvent du succédané du regard, même si elle se satisfait de la rencontre symbolique à travers ce regard, elle reste objectivement orientée vers ce but. Les combats pour s’approprier la fécondité de la femelle sont moins apparents dans l’espèce humaine. Encore que… les bagarres de bal ou de boîte de nuit, les concours de muscles, les compétitions sportives, les batailles pour accéder aux positions hiérarchique dominantes, ne sont-elles pas des succédanés de ces combats puisque c’est celui qui sera le meilleur, le plus agressif, le plus beau, le plus dominant, le plus friqué qui aura le plus de chances d’être choisi.

On retrouve à ce niveau de comportement la dissociation des motifs et des buts, la dissociation des sens et des significations.

Si le motif, inconscient, du comportement féminin de séduction, est le choix du mâle le plus adapté à la reproduction de l’espèce, il y a bien longtemps que le but n’est pas la copulation immédiate qui ferait coïncider le but et le motif. L’évolution des sociétés a mis le motif tellement loin de la conscience que cette affirmation peut être choquante à première estimation. C’est l’éducation, les apprentissages des comportements adaptés à la vie en société, qui donnent du sens aux actions. Les modes, les modèles, les techniques, les rites et les mythes particuliers à chaque type de société s’imposent à travers l’éducation[5]. Les nécessités de la survie dans l’environnement social supplantent les nécessités de la survie dans l’environnement biosphérique.

Les besoins fondamentaux de boire et manger se transforment progressivement en fonction des sciences et des techniques, de la profusion ou de la rareté. À l’origine totalement déterminés par les besoins d’alimenter l’organisme pour assurer la survie de l’individu, ils se transforment en « nouveaux besoins » qui les modifient dans leur expression, qui les remplacent dans les motifs des comportements. Les « nouveaux motifs » liés aux « nouveaux besoins » auront la même prégnance pour déterminer les comportements. La boulimie est typiquement une des extrémités repérables en matière de nouveaux besoins. L’obésité qui l’accompagne en est une conséquence. Mais comme le disait un ancien déporté de mes amis comme boutade : « dans les camps de concentration, il n’y avait pas de gros ».

L’autre besoin fondamental, lié, lui, à la survie de l’espèce, c’est le besoin de copulation. Lui aussi est transformé par l’évolution de la société. Dans les sociétés matriarcales originelles, les seules personnes habilitées à la procréation étaient les femmes dépositaires de la mystérieuse compétence à mettre au monde les enfants. Les mâles qui tournaient autour étaient admis occasionnellement à des rapprochements à caractère sexuel. Et il y a fort à parier que ceux qui ramenaient de la chasse les plus grosses pièces de gibier étaient favorisés. La sédentarisation, l’agriculture, la possession de la terre ont déterminé le besoin de la transmission patrimoniale. L’appropriation de la femme par le propriétaire lui a permis d’établir un lien de filiation pour cette transmission. Cette appropriation s’est étendue à l’ensemble  de la société, mais surtout aux dominants, guerriers et prêtres. Les autres sont pour longtemps laissés pour compte. Les religions établissent des règles pour légitimer ces comportements. Le mariage devient un sacrement et l’appropriation de la femme devient ainsi sacrée et … définitive. Mode d’organisation des patrimoines pour les possédants, il est prévu indépendamment de toute consultation des futurs époux, mais, religion oblige, tout le monde finit par y accéder. Le « droit de cuissage » persistera cependant longtemps au profit des dominants. Et l’éducation des femmes s’organise pour accompagner cette évolution. Le XIXéme siècle chez nous est l’acmé de cette éducation. La jeune fille doit rester vierge, les yeux baissés, les genoux serrés, le mâle qui s’en assure l’exclusivité est évidemment le maître de la cellule familiale. Celle qui ne respecte pas cette prescription est bannie de la reproduction. Elle est rejetée à la place, au rôle et au statut de « fille perdue », dévolue à la prédation sexuelle des mâles enserrés dans les règles de la société patriarcale policée.

La libération de la femme, débutée avec l’abominable saignée de la guerre de 14-18 et l’entrée massive des  femmes dans la production, remet en cause toute cette évolution. Aujourd’hui l’institution du mariage a évolué au point d’être au seuil de s’ouvrir en France aux couples homosexuels. Les nouveaux besoins en matière de reproduction sont passés par le filtre de la contraception, les femmes ont obtenu nominalement la satisfaction de leur revendication de garder la maîtrise de leur corps, y compris par l’avortement. Mais pour les mâles qui continuent à vivre avec une érection potentielle permanente, l’accès à la copulation hors la constitution d’un couple se fait effectivement par l’intermédiaire de la prostitution, ou de la masturbation grâce aux fantasmes alimentés par  les images pornographiques. Et ce dernier avatar de la représentation féminine, destiné à nourrir les fantasmes masturbatoires, est en totale inadéquation avec l’évolution de la condition féminine. La femme est là plus que jamais présentée comme un simple objet de désir, un exutoire aux plus fantaisistes ou horribles fantasmes. Et l’éducation « sexuelle » des jeunes gens se fait majoritairement avec cette représentation.  Les perturbations qui s’ensuivent au niveau de la désintégration du psychisme sont à l’origine de bien des comportements nouveaux. La responsabilité d’Internet dans les comportements violents (besoin fondamental de consommation, de territoire, de dominance) et dans les comportements violeurs (comportement de copulation) est écrasante.

Ainsi pour les filles, l’épilation du bas-ventre et de la vulve est quasi systématique. La fellation est banalisée comme démarrage quasi obligé d’une relation génitale, voire comme action tout à fait susceptible de se pratiquer sans attirance, parfois uniquement comme monnaie d’échange[6].

Pour les garçons, l’image féminine est ainsi stéréotypée et sa participation à l’acte sexuel caractérisée par la soumission à diverses pratiques et postures. Pas de baiser, pas de caresse, aucune manifestation de tendresse ne sont proposés. Seule compte l’érection comme signe de virilité dans le tandem homme-femme qui s’escrime à aboutir à une éjaculation.

Pour l’un comme pour l’autre, pas de préliminaire, pas de jeu amoureux, uniquement une pratique immédiate dont la pénétration génitale, buccale ou anale est en même temps le but et le motif.

Ce qui est montré ainsi n’a rien à voir avec une relation amoureuse. Il y a bien un désir masculin attesté par l’érection. En face il y a une simulation de désir et de plaisir féminin, ou au moins une apparence de consentement. Ce qui se joue ainsi est une sorte d’observation de type éthologique qui pourrait concerner n’importe quelle espèce animale. Mais même les singes bonobos n’ont pas un comportement aussi stéréotypé et avec aussi peu d’investissement affectif.

Le résultat c’est une image de la femme et de la relation amoureuse complètement biaisées. Au mieux, c’est la relation  qui peut s’établir avec une prostituée qui est ainsi montrée. Et la femme apparaît disponible, soumise et consentante. Si l’on y ajoute le contenu socio-culturel inconscient de « tentatrice et désirante », on aboutit à un véritable cocktail explosif.

Le viol, passage à l’acte violent d’un désir masculin refoulé sur une personne du sexe féminin traitée comme une proie disponible, constitue dans ce contexte l’extrémité du comportement basique du mâle prédateur.

Rappel physiologique simplifié du fonctionnement du cerveau:

Nos superstructures neuropsychiques comportent trois niveaux :

-                à la base, le cerveau reptilien qui régit les besoins fondamentaux et induit les comportements visant à les satisfaire. Ces comportements de type réflexe ne sont soumis à aucun apprentissage

-               au dessus de lui, le cerveau limbique est le siège des émotions et des souvenirs des situations classées comme gratifiantes ou dangereuses. Les premières seront à rechercher, les comportements qui y conduisent seront mémorisés et installés comme comportements coordonnés complexes visant à retrouver les situations qui procurent la satisfaction du besoin, le comblement du manque, la décharge concomitante d’endorphines, et qui pourront émerger à la conscience sous la forme du plaisir. Elles sont supportées par le faisceau de la récompense.[7] Les secondes sont à éviter. C’est le comportement d’évitement des situations identifiées comme conduisant à la punition qui permettra les apprentissages. L’éducation consistera à mettre en place des freins aux comportements commandés par le cerveau reptilien par l’expérience de la punition. C’est ici le faisceau de la punition qui sera mis en œuvre. Les phénomènes rencontrés dans l’environnement, situations, personnes ou choses seront immédiatement classés à éviter ou à rechercher grâce aux modèles mémorisés des situations antérieurement vécues. Les phénomènes inclassables parce que n’ayant jamais été rencontrés seront a priori traités comme potentiellement dangereux et donc à éviter ou a tester avec circonspection dans le cadre du réflexe d’investigation. Les comportements qui permettent d’éviter efficacement les dangers et de retrouver les situations agréables bénéficieront d’un ré-enforcement qui les mémorisera de façon prioritaire. La mémorisation se fait sous forme d’images composites (visuelle, auditive, sensitive, olfactive, gustative…) dont un seul élément repéré déterminera le comportement associé de recherche ou d’évitement.

-               couronnant le tout, le cortex est le siège de la conscience. C’est lui qui détermine les stratégies en fonction des situations rencontrées, des expériences passées et mémorisées, et des exigences de la survie en situation sociale. C’est lui qui met en place les comportements de recherche du plaisir et d’évitement de la punition dans le cadre de l’état éducatif du moment et du lieu. Cet état éducatif est perpétuellement évolutif par l’accumulation des expériences. Le comportement en situation sociale sera dicté par l’état éducatif du sujet dans le « ici et maintenant ». C’est-à-dire qu’il sera en permanence évolutif en fonction des expériences qui s’ajoutent à tout instant. C’est aussi le cortex qui expliquera, justifiera, commentera a posteriori les comportements dictés par les deux cerveaux de base : reptilien pour les besoins fondamentaux et limbique pour les émotions. Laborit dit à ce propos : « les deux premiers cerveaux déterminent nos comportements et nous ne savons pas ce qu’ils nous font faire. Le cortex passe son temps à les justifier… »

Le fantasme

Ce qui est sûr c’est que l’éducation conduit à des comportements policés compatibles avec la vie en société, et que cela passe par la répression des pulsions issues du cerveau reptilien. Le passage à l’acte réflexe est modulé par les apprentissages. Car l’expérimentation d’un comportement le met en situation d’être évalué : échec ou succès, gratification ou punition, résultat constituant une base de départ pour une nouvelle expérimentation. L’expérimentation à l’aide d’un outil intellectuel a les mêmes propriétés générales que celle avec un outil matériel. La seule différence réside dans le fait que tant ses objets que ses outils sont des concepts ou des reflets psychiques. La validation ne viendra in fine que par l’expérimentation sur la réalité objective des résultats de l’expérimentation intellectuelle.

Le fantasme est un processus de pensée qui ne retourne pas nécessairement à la réalité objective. C’est sa particularité que de mettre en œuvre des processus d’action qui restent dans la sphère intellectuelle. La conscience vit alors une déviation de son système premier de réalisation. Ou plutôt elle utilise sa capacité plastique à dériver vers des directions inconnues pour s’installer pendant des moments plus ou moins longs dans une sphère d’activité où l’absence de retour à la réalité objective est une condition de survie, tout en procédant à la satisfaction des « besoins » issus de l’activité vitale mais impossibles à satisfaire dans les conditions de la vie en société. La fuite dans la fantasmagorie trouve de multiples situations à régler. Les publicités qui vantent tel ou tel produit sur le marché, ou la pornographie qui est une forme de publicité spécifique, induisent, c’est leur rôle, une catégorie de besoins que nous avons  décrits comme des « nouveaux besoins ». Ces nouveaux besoins apparaissent comme liés à des besoins fondamentaux dont ils dérivent. Leur satisfaction n’est pas à proprement parler susceptible de mettre en cause la survie de l’individu. Cependant pour certains, l’apparence, les atours vestimentaires, les bijoux ou autres colifichets ont une importance d’autant plus grande qu’ils signent l’appartenance à une certaine catégorie sociale. De même l’accession à un statut de mâle dominant impossible à obtenir dans la vie courante.

Il s’ensuit une propension à consacrer aux nouveau besoins une part importante dans le budget. Quand le budget ne permet plus cette satisfaction, la seule alternative active est le vol. Pour la réalisation de la pulsion sexuelle sollicitée par la mise en scène pornographique, l’alternative est le viol. Or celui-ci est interdit et même réprimé. Il faut donc trouver un artifice qui autorise malgré tout la stimulation du faisceau de la récompense, la décharge d’endorphines, par une action non répréhensible, disponible et efficace malgré tout. C’est là qu’intervient le fantasme qui permet de vivre la satisfaction du besoin par l’action verbale interne. C’est une action volontaire, répétable à l’infini. Mais c’est vraiment une action. Sa particularité est que, là, le glissement du motif vers le but est déconnecté de toute  nécessité de confrontation avec la réalité. La ré-intégration qu’elle emporte est donc sans conséquence psychologique autre que le bien-être qui en découle.

 

Le passage à l’acte

La pulsion sexuelle issue du besoin fondamental de copulation ne peut socialement se manifester simplement par une érection chez le mâle et une invite à la pénétration chez la femelle. Or c’est précisément ce que met en scène la pornographie. Lorsque les conditions du passage à l’acte sont réunies, c’est-à-dire la perception du risque moindre de punition, le viol est tenté et si possible mis en œuvre.

 

L’effraction psychosomatique provoquée par le viol touche non seulement le corps de la victime mais aussi son psy.

Le corps de la victime d’un viol est pénétré contre son  gré. La limite perçue de ce corps est franchie. L’intégrité de son être est mise à mal. En outre, la pénétration génitale, buccale ou anale se double le plus souvent d’une pollution directe sous l’effet de l’éjaculation. La souillure double l’effet de l’effraction.

La conscience de l’effraction et l’image du corps qu’elle laisse est un des éléments de la perturbation durable du fonctionnement de l’unité psychosomatique. Le schéma corporel est durablement perturbé. Mais c’est surtout ce que nous avons nommé le schéma corporel utilisable, celui avec lequel se mettent en œuvre les actions dans l’environnement et les perceptions intimes. Chaque action, chaque vécu, et en fait chaque instant de la vie, seront perturbés par cette faille dans le système de référence. De même qu’un membre manquant continue à exister dans le schéma corporel, le traumatisme du viol sera en permanence présent sous la forme d’une perception  déformée de la partie du corps concernée. Comme il s’agit d’une perturbation touchant aux organes de la génération et donc comptant parmi les organes impliqués dans un des deux besoins fondamentaux, toute l’activité relationnelle sera perturbée. Toute action mécanique sur ou dans l’environnement, toute activité mentale de réflexion sera perçue comme « bancale », impossible à réaliser de façon complète et satisfaisante, conduisant à une inhibition de l’action. Ce n’est pas une épée de Damoclès dont la victime du viol est menacée, c’est un poignard planté au fond de ses entrailles qu’elle doit mobiliser avec elle à chaque pas.

 

Elle touche aussi le psy en tant que tel. Considéré comme une partie intégrante de l’organisme, le psy, espace de relation de l’individu avec les autres, est ravagé par l’effraction du viol. Cet espace relationnel normalement plus ou moins à l’abri des intrusions inacceptables grâce aux filtres d’affects qui montent la garde aux portes de la perception est ici pris au dépourvu, victime d’une intrusion impossible à neutraliser. Cette intrusion est d’autant plus efficace que le violeur, même s’il n’est pas à proprement parler un inconnu, ne se comporte pas au moment du viol comme une personne de relation. Il apparaît autre, inconnu, d’autant plus inquiétant et inconnu que peut-être une relation s’était établie avec lui à la suite d’une rencontre. En tout cas, l’avatar de rencontre que constitue le viol est impossible à ré-intégrer dans une relation. L’image du violeur est complètement déterminée par la violence de l’acte accompli. Tous les autres éléments de l’image sont totalement contaminés par le vécu de la violence subie. Chacun des éléments de cette image réactivera le souvenir de l’agression, enfoncera un peu plus la victime dans son inhibition d’action.

Rappelons que pour nous l’unité psychosomatique de l’individu intègre le psy comme espace de relation. Nous avons pour le caractériser utilisé l’image de l’atmosphère terrestre qui « colle » à la structure matérielle. Sa densité est maximum à son contact, et elle diminue au fur et à mesure qu’elle s’éloigne. La mise en relation correspond à un chevauchement des psy. La relation s’inscrit dans l’espace du chevauchement, devenu espace psy commun. L’intensité détermine de façon instantanée et donc perpétuellement variable la « surface » du chevauchement des psy. C’est dans l’espace du psy que les affects de la réalité prennent sens dans un aller et retour permanent avec la conscience, les modèles de référence culturels, les expériences mémorisées à travers le cerveau limbique qui leur donne la coloration affective.

Cet espace du psy qui « colle à la peau » est un élément essentiel de la limite psychosomatique. Mais autant il n’est pas déstructuré par une agression banale (mécanique, chimique, verbale, etc…), quelle que soit son intensité, autant le viol, par sa référence immédiate avec un besoin fondamental, provoque une lésion du psy. En effet, c’est par référence à ce besoin fondamental de copulation lié à la reproduction que se construisent les relations humaines.[8] Le viol casse la structure psychosomatique spécifique qui autorise et conditionne la relation.

Et les conditions en sont réunies lorsque peuvent s’utiliser la surprise, la contrainte, la menace et/ou la violence.

Le viol avec violence sera facilité par le lieu isolé, la victime seule, la victime sous l’emprise de modificateurs du comportement (alcool, drogues, médicaments), l’effet de surprise, la menace. Il est alors qualifié de viol simple ou occasionnel. Il peut être le fait d’un seul individu ou de plusieurs.

Le viol peut être commis sans violence physique directe par contrainte morale « par personne ayant autorité », par menace de rétorsion, par crainte de la victime. Il est alors susceptible de se répéter plusieurs fois voire pendant des mois ou des années. Peuvent être alors en cause le père, le mari, le supérieur hiérarchique, un agent de la force publique, un créancier …

L’ensemble des éléments psychosomatiques détaillés plus haut permettent de comprendre toutes les caractéristiques repérables du comportement au moment ou juste après le viol et des conséquences psychosomatiques à long terme du viol.

Le stress aigu

Durant le viol, la victime est dans un état d’angoisseaigu où prédomine un sentiment de mort imminente. Ce stress intense peut engendrer immédiatement un état de stress aigu pouvant évoluer vers un état de stress post traumatique où seront associés cauchemars en lien avec l’agression, reviviscence de la scène vécue (flash-back), affects dépressifs, labilité émotionnelle ainsi que des symptômes d’allure dissociative : détachement, émoussement affectif, torpeur, réduction du champ de la conscience, sentiment de déréalisation, de dépersonnalisation, dysmnésie sélective.

Le DSM IV[9], qui constitue le système de référence obligé de la psychiatrie moderne donne une description très développée de toutes ces perturbations ainsi que des conditions requises pour les évoquer dans un diagnostic. Je mets en note le développement du DSM IV concernant le stress aigu et du stress post-traumatique. Il confirme que notre approche psychosomatique globale reste bien en phase avec cette référence qui se veut « athéorique ».On en  trouvera le développement sur le site référencé en note 10.

Par la suite, c’est l’image de la situation de viol, avec toutes ses composantes, qui se réactive à tout instant. La trace de l’effraction est constamment présente. Elle est réactivée par n’importe lequel des éléments de son image composite : images, sons, odeurs, paroles en provenance de l’environnement. Mais elle est réactivée aussi dans le fantasme, dans l’imaginaire dans un cercle vicieux permanent, et ceci dès que les éléments de stimulation de l’environnement qui détournent l’attention sont moins présents (le soir, la nuit…). La conséquence immédiate est une réactivation de la réaction à l’agression, sans effet ni objet, et donc l’inhibition de l’action qui débouche sur l’angoisse. La conséquence à plus long terme sera une sensation d’incapacité à entrer en relation, à s’exprimer dans les relations sociales, car la déstructuration de l’unité psychosomatique touchant au comportement lié à un besoin fondamental remet en cause toute la structure du système personnel de relations intégré à son unité psychosomatique. Celui-ci est à la base de l’image de soi qui permet d’entrer en relation en position de force, d’être confiant en sa capacité de séduction, et donc dans sa capacité d’entrer dans le système relationnel fondamental dont tous les autres ne sont qu’un avatar symbolisé. Bien entendu, la réactivation de la situation traumatique sera particulièrement active lors de rencontres susceptibles de déboucher sur une relation de type amoureux ; et lorsqu’une relation de ce type pourra se mettre en place quand même, chaque fois que le contact physique anticipera un acte sexuel complet. Un réapprentissage sera nécessaire, le partenaire devra en permanence rester attentif à ne pas dériver, même en apparence, vers une réactivation de la situation traumatique mémorisée dans le cerveau limbique.

Hormis l’état de stress post-traumatique, l’évolution classique d’une victime de viol est la dépression (70% des cas), mais également des troubles de la libido et de la relation affective.[10]

Je retiendrai ces deux derniers éléments pour proposer une ébauche de conclusion. Sur le plan psychosomatique, ce qui est en jeu dans le viol c’est la déstructuration de la victime. Cette déstructuration est basée sur l’impossibilité qui lui est faite pour longtemps de vivre de façon  non-agressive, encore moins gratifiante, la pulsion issue du besoin fondamental de copulation. Or cette pulsion est en permanence en attente de réalisation avec la même intensité « motrice » et la même prégnance  psychosomatique que la pulsion de consommation.

Dans le contexte social tel que nous le connaissons, c’est la pulsion issue du besoin fondamental de copulation qui pousse les gens les uns vers les autres, les fait entrer en relation, crée les liens, suscite les rencontres, motive les élans. Elle est à la base de l’amitié et de l’amour. Bien entendu elle trouve une particulière réalisation qualitative dans la relation du couple qui le conduit au but ultime de la relation génitale. Mais toutes les autres relations humaines en sont perpétuellement issues. Les créations artistiques les plus « osées » comme les plus « détachées » en sont le produit par la sublimation du désir. Baudelaire et « les fleurs du mal », Ronsard et « odes et ballades », Courbet et « l’origine du monde »  en sont certains des fruits parmi les plus achevés.  Le dévergondage sadien comme l’abstinence augustinienne, l’hédonisme comme l’auto-flagellation y trouvent leur origine.

Pour la femme qui a été violée, toute rencontre, toute entrée en relation, tout contact physique, même le plus amical et dénué d’intention cachée, a fortioritoute situation en rapport direct avec la sexualité active, est source immédiate de souffrance psychosomatique, avec l’angoisse comme contre-point. La souffrance psychosomatique induit l’évitement des autres, le renfermement sur soi, la quête désespérée d’une reconstitution de la structure de base du comportement qui a été mise à mal. L’angoisse, peur sans objet, est permanente.

Et si la punition du violeur est si importante pour sa victime, ce n’est pas pour de mauvaises raisons « morales » du genre : châtiment du péché. C’est parce que son identification comme agresseur, comme responsable UNIQUE de l’acte déstructurant qu’elle a subi et dont elle subit interminablement les conséquences, est la seule condition de son acceptation du monde qui l’entoure comme espace humainement vivable. Et c’est dans ces conditions seulement que le ré-apprentissage des relations, de la confiance, de l’abandon sans risque, sera possible. Mais il faudra tout revivre pas à pas. L’amitié, la confiance, l’amour devront être re-testés un à un pour espérer remplacer la structure manquante par une nouvelle superstructure apprise. Et tout cela restera indéfiniment fragile.

 

 

 


[1] H. Laborit L’inhibition de l’action.

[2]Linternaute : ruse, nom féminin : Sens 1 Malice. Sens 2 Stratagème utilisé pour tromper.

Larousse : ruse : nom féminin (ancien français reüser, faire reculer, du latin recusare) : procédé habile, mais déloyal, dont quelqu'un se sert pour obtenir ou réaliser ce qu'il désire - adresse de quelqu'un à agir de façon trompeuse, déloyale, pour parvenir à ses fins 

 

 

[3] Nous adoptons la traduction de Second 3,16

[4] Revue « Génitif » 1979.

[5] C-E Tourné - Et s’il fallait du temps pour naître ? Edition El trabucaire.

[6] Voir dialogue dans le film « Polisse »

[7] Le Medial Forebrain Bundle (MFB) ou  faisceau médian du cerveau antérieur est le faisceau  de la récompense, de la répétition, du ré-enforcement. Le Periventricular System  (PVS) ou  système périventriculaire, est le faisceau de la punition, de l'évitement, de la fuite.C'est la combinaison de ces deux structures qui permet l'assouvissement des pulsions instinctives et  l'évitement actif des expériences désagréables. (H. Laborit Les comportements.)

[8] Le NAISSANT – Chapitre 5

[10] http://psychologie-m-fouchey.psyblogs.net/?post/332-Le-viol

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